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IX.5.4 Pompeii. Shop and workshop with bakery at rear. Excavated 1877.

 

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Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome.

Les cités vésuviennes

Pompéi, Pistrina:

Recherches sur les boulangeries de l’Italie romaine – campagne 2011

Nicolas Monteix, Sanna Aho, Lorraine Garnier, Cecile Hartz, Eloise Letellier et Sandra Zanella.

 

Le matériel suivant est © Ecole française de Rome.
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Merci à Nicolas Monteix et à ses collègues.

 

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Our thanks to Nicolas Monteix and colleagues.

 

La boulangerie IX 5, 4

Dans la boulangerie IX 5, 4, située sur la Via di Nola, plusieurs pièces ont été l’objet de nettoyage destinés à remettre au jour les niveaux de circulation en usage au moment de l’éruption et de proposer une esquisse des transformations de cet espace de production (fig. 10).

 

Fig. 10 – Pompéi Pistrina. Boulangerie IX 5, 4. Chronologie relative des transformations survenues dans la boulangerie.
Relevé : N. Monteix, S. Aho ; DAO : N.M. ; éch. 1/250.

Fig. 10 – Pompéi Pistrina. Boulangerie IX 5, 4. Chronologie relative des transformations survenues dans la boulangerie.

Relevé : N. Monteix, S. Aho ; DAO : N.M. ; éch. 1/250.

 

Lors de l’installation de la boulangerie d’importants travaux ont été menés : tous les murs de refend situés dans la moitié méridionale de la maison ont alors été abattus puis refaits avec une autre disposition. La salle des meules ne comporte alors que trois moulins si l’on se fie au revêtement de basalte les entourant. Disposés en équerre, ces trois emplacements de mouture se développent en respectant un pilier probablement en bois de section quadrangulaire, dont la partie inférieure était protégée par une lame de fer repliée en équerre. Il repose sur une dalle non horizontale de basalte et est entouré d’une fondation constituée de blocs de « calcaire du Sarno ». Ce poteau a été scrupuleusement respecté lors de l’extension successive de la meunerie par ajout d’une quatrième meule. Au sud des meules, une vaste salle est ménagée par la construction d’un mur de refend orienté nord-sud. Son sol est constitué par un simple niveau de terre battue. Il apparaît vraisemblable que le four soit également installé lors de cette phase, en étant inséré sous la voûte de la salle 9 (Note 6). C’est probablement lors de l’installation de la boulangerie qu’est implanté un dolium dans le lequel se déversent les eaux de pluie grâce à la mise en place d’une gouttière verticale, construite avec des tuyaux céramiques protégés par des fragments de tuiles (fig. 11). L’ensemble est raccordé à une canalisation se déversant dans la rue. Immédiatement au sud de celui-ci est inséré un second vase, probablement tronqué et non destiné à conserver de l’eau.

 

Note 6 : MEFRA 123-1, 2011, fig. 93.

 

Fig. 11 – Pompéi Pistrina. Boulangerie IX 5, 4. Système d’alimentation hydraulique devant le four.
Une gouttière verse dans un dolium dont le fond est percé.
Cliché S. Aho / EFR.

Fig. 11 – Pompéi Pistrina. Boulangerie IX 5, 4. Système d’alimentation hydraulique devant le four.

Une gouttière verse dans un dolium dont le fond est percé.

Cliché S. Aho / EFR.

 

Lors d’une seconde phase, la boulangerie est agrandie par l’adjonction d’une quatrième meule dont l’emplacement respecte le pilier en bois. De nouvelles divisions de l’espace sont créées. Un mur de refend présentant une porte centrée est construit entre la pièce 4 et la salle des meules, ménageant de cette façon une nouvelle pièce (3). Dans la pièce 4, un catillus en remploi est disposé dans l’angle nord-ouest afin de servir de fondement à une jatte de pointage en terre cuite. Le pétrin actuellement visible dans cette même pièce pourrait également avoir été installé à ce moment. En revanche, faute de traces claires pouvant être associées à des tables maçonnées, il convient de restituer un mobilier en bois.

 

L’état dans lequel la boulangerie a été observée est particulièrement délicat à interpréter. En effet, des travaux postérieurs aux aménagements décrits ont été réalisés. Pour l’essentiel, il s’agit de l’ajout d’une cage d’escalier au nord du couloir 5, alors subdivisé par l’adjonction d’un piédroit d’échiffre. Un épais remblai est alors installé jusque dans la pièce 7, au point de réduire la hauteur utile de l’autel à une vingtaine de centimètres au lieu des 60 à 80 que l’on observe dans les boulangeries en état de marche. Un imposant tas de chaux est encore visible dans l’angle sud-ouest de la salle 3, signe évident de travaux en cours au moment de l’éruption. Enfin, entre le mur ouest de la salle des meules et la canalisation, un remblai a été observé. Il comporte de nombreux matériaux – tessons, fragments d’éléments de construction, rejets métalliques, faune, charbon – mais aussi deux catilli et une meta (fig. 12).

 

Fig. 12 – Pompéi Pistrina. Boulangerie IX 5, 4. Remblai comprenant une meta renversée et un catillus dans la salle des meules.
Cliché S. Aho / EFR.

Fig. 12 – Pompéi Pistrina. Boulangerie IX 5, 4. Remblai comprenant une meta renversée et un catillus dans la salle des meules.

Cliché S. Aho / EFR.

 

Il est difficile de déterminer si cette situation remonte à la première extension de la boulangerie ou si elle lui est postérieure. Enfin, notons que le pétrin a été découvert retourné et fracturé, tandis que la fosse originellement destinée à le recevoir s’est avérée pleine de lapilli. Ces différents éléments pourraient être pertinents à un démantèlement de la boulangerie encore inachevé à l’automne 79.

 

Pour citer cet article

Référence électronique

Nicolas Monteix, Sanna Aho, Lorraine Garnier, Cécile Hartz, Éloïse Letellier et Sandra Zanella, « Pompéi, Pistrina », Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome [En ligne], Les cités vésuviennes, mis en ligne le 19 décembre 2012, URL : http://journals.openedition.org/cefr/328

 

 

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Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome

Les cités vésuviennes

Pompéi, Pistrina

Recherches sur les boulangeries de l’Italie romaine – campagne 2012

Nicolas Monteix, Sandra Zanella, Sanna Aho, Raphael Macario et Evan Proudfoot.

 

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http://cefr.revues.org/954

 

Merci à Nicolas Monteix et à ses collègues.

 

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Our thanks to Nicolas Monteix and colleagues.

 

Épigraphie des moulins

Dans le cadre du catalogage des différents éléments associés aux boulangeries, le relevé des marques sur meules a été initié durant cette campagne. Loin d’être inédites, ces inscriptions ont presque toutes déjà bénéficié de la lecture de H. Dressel, transcrite dans le volume X du CIL, sous le numéro 8057. Toutefois, la réalisation d’apographes permet de compléter et parfois de revoir les lectures proposées. Surtout, l’analyse de ces inscriptions en contexte permet, par-delà quelques pertes et lacunes, d’esquisser un parcours de ces moulins entre la carrière et la boulangerie.

 

Pour l’heure, sous réserve d’achever les apographes et la recension, aux trente-six inscriptions éditées par Mommsen, s’ajoutent cinq autres, non mises au jour au moment de l’édition du second volume du CIL X ou non observées. Quatorze inscriptions ont été revues, six apographes réalisés (fig. 18).

 

Fig. 18 - Pompéi Pistrina. Apographes des marques incisées sur des catilli. 
Échelle : 1/10.
Relevé – dessin : N. Monteix / ÉfR.

Fig. 18 - Pompéi Pistrina. Apographes des marques incisées sur des catilli.

Échelle : 1/10.

Relevé – dessin : N. Monteix / ÉfR.

 

Il convient en première approche de souligner que toutes les inscriptions revues ont été incisées sur des meules réalisées en basalte d’Orvieto (Note 5). Toutefois, tous les moulins provenant du Latium ne présentent pas nécessairement d’inscription. Selon les observations d’H. Dressel, transmises par Th. Mommsen, sept des trente-deux marques inscrites étaient rehaussées de peinture rouge, tandis que six étaient exclusivement peintes et non incisées. Pour l’heure, aucune des inscriptions peintes recensées dans le CIL ne semble avoir été préservée.

 

Note 5 : Sur les différentes provenances des meules de Pompéi, voir Buffone 1999, p. 117-130.

 

Les inscriptions incisées peuvent être lues tant sur les catilli que sur les metae. Ces dernières sont toutefois plus rares (24 %) et plus difficiles à revoir en raison de leur possible dissimulation par le massif maçonné entourant la meule dormante. Quand elles sont sur le catillus, elles sont systématiquement disposées sous l’un des deux trous d’emmanchement (fig. 19), c’est-à-dire que le tronc de cône sur lequel elles se trouvent était posé au sol au moment de la gravure.

 

Fig. 19 - Pompéi Pistrina. Marque Hos(…) sur les catilli des boulangeries VII 2, 22 (à gauche) ;) et VI 14, 28-32 (à droite), en remploi ; CIL X, 8057, 7 b.
À gauche, CIL X, 8057, 7 a; à droite, en remploi, CIL X, 8057, 7 b.
Cliché : Fr. Pauvarel / ÉfR et cliché – dessin : N. Monteix / ÉfR

Fig. 19 - Pompéi Pistrina. Marque Hos(…) sur les catilli des boulangeries VII 2, 22 (à gauche) ;) et VI 14, 28-32 (à droite), en remploi ; CIL X, 8057, 7 b.

À gauche, CIL X, 8057, 7 a; à droite, en remploi, CIL X, 8057, 7 b.

Cliché : Fr. Pauvarel / ÉfR et cliché – dessin : N. Monteix / ÉfR

 

En attendant de les revoir toutes, ces marques incisées renvoient à seize noms différents, pouvant éventuellement être réduits à quatorze. Eu égard à la nature du support, aucune de ces inscriptions ne comporte plus de trois lettres. De ce fait, on ne saurait pour l’heure déterminer dans chaque cas à quel élément de nomenclature tronqué renvoie l’inscription (Note 6). Quelques exemples suggèrent cependant des tria nomina abrégés et dépourvus de cognomen (Note 7).

 

Note 6 : L’inscription GEA(…) [CIL X, 8057, 6 a] pourrait être l’abréviation d’un cognomen, tandis que les marques HOS(…) [CIL X, 8057, 7], SEX(…) [CIL X, 8057, 11] et TVL(…) [CIL X, 8057, 13] pourraient renvoyer à des gentilices.

 

Note 7 : Les inscriptions P(…) MA(…) [CIL X, 8057, 10], C(…) MA(…) [CIL X, 8057, 9] et C(…) CO(…) [CIL X, 8057, 4 relue] pourraient correspondre à ce cas de figure.

 

En dépit de ces variantes, plusieurs hypothèses peuvent être formulées quant au sens de ces marques. Elles peuvent avoir été faites (1-) sur le lieu d’extraction et caractériser soit (1-a) l’exploitant et/ou propriétaire des carrières, soit (1-b) un simple carrier. Une alternative consisterait à y voir (2) des marques incisées pour nommer l’acheteur final de la meule, le boulanger. Le fait que l’on retrouve la même marque dans plusieurs boulangeries et qu’un même pistrinum présente des meules avec des marques différentes permet de repousser la dernière hypothèse. On retiendra donc que les inscriptions incisées renvoient à l’extraction. En suivant cette hypothèse, il est également possible de considérer que la même carrière (le même carrier ou le même exploitant) n’a pas de spécialisation dans sa production : elle fera autant des catilli que des metae. Une dernière remarque peut être faite quant aux rares inscriptions simplement peintes : leur texte ne se retrouve jamais parmi les marques incisées ; on considérera donc que ces indications peintes en rouge pourraient caractériser soit un intermédiaire, soit le destinataire des moulins.

 

A priori, seul un unique exemple est préservé sur un catillus : la meule encore en place de la boulangerie des Chastes amants (IX 12, 6.8) offre deux inscriptions peintes à la lecture – à condition de modifier la balance des couleurs (fig. 20). La première, qui méritera d’être photographiée de nouveau avec un cadrage plus large, est très effacée et pourrait être un V. La deuxième, peinte dans un second temps, indiquerait le destinataire du catillus et donc l’occupant ou le propriétaire de la boulangerie. Les trois lettres séparées d’un point se lisent C.I.P., que l’on développera en C(aio) I(ulio) P(olybio) ou C(aio) I(ulio) P(hilippo) (Note 8).

 

Note 8 : L’intuition que cette boulangerie ait appartenu à Caius Iulius Polybius avait été émise à titre d’hypothèse par Varone 1989, p. 225-238, p. 236 et 1991, p. 195-204, p. 200, puis par Zevi 1996, p. 78-85, p. 79. La lecture de cette inscription paraît leur donner raison, au moins quant au lien avec les Iulii. Nous adressons par ailleurs tous nos remerciements à A. Varone pour ses remarques sur la lecture de cette inscription, confirmant notre transcription.

 

Fig. 20 - Pompéi Pistrina. Catillus dans la boulangerie des Chastes amants. 
De gauche à droite : cliché initial ; cliché dont la balance des couleurs a été numériquement modifiée pour faire ressortir les rouges, passé en noir et blanc ; schéma d’interprétation du second cliché.
Cliché / DAO : N. Monteix / ÉfR.

Fig. 20 - Pompéi Pistrina. Catillus dans la boulangerie des Chastes amants.

De gauche à droite : cliché initial ; cliché dont la balance des couleurs a été numériquement modifiée pour faire ressortir les rouges, passé en noir et blanc ; schéma d’interprétation du second cliché.

Cliché / DAO : N. Monteix / ÉfR.

 

Bibliography

Buffone 1999 = L. Buffone et al., Le macine rotatorie in rocce vulcaniche di Pompei, dans Rivista di studi pompeiani, 10, 1999, p. 117-130.

Varone 1989 = A. Varone, Pompei. Attività dell’Ufficio Scavi: 1989, dans Rivista di studi pompeiani, 3, 1989, p. 225-238, p. 236.

Varone 1991 = A. Varone, Pompei. Attività dell’Ufficio Scavi: 1991, dans Rivista di studi pompeiani, 5, 1991, p. 195-204, p. 200.

Zevi 1996 = F. Zevi, La casa di Giulio Polibio, dans M. R. Borriello (éd.), Pompei. Abitare sotto il Vesuvio, Ferrare, 1996, p. 78-85, p. 79.

Pour citer cet article

Référence électronique

Nicolas Monteix, Sandra Zanella, Sanna Aho, Raphael Macario et Evan Proudfoot, « Pompéi, Pistrina  », Chronique des activités archéologiques de l’École française de Rome [En ligne], Les cités vésuviennes, mis en ligne le 23 mai 2013, URL : http://journals.openedition.org/cefr/954 

 

 

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Ultimo aggiornamento - Last updated: 01-Jun-2022 16:31